Regard : Christine Koehler
15 mai 2021Regard : Anne Monot et Emmanuel Brunet
Je connais Anne Monot depuis presque un an, nous cheminons ensemble dans l’aventure du collectif des Bulles de Dialogue.
Quand elle m’a raconté sa collaboration avec Emmanuel Brunet pour son livre La boîte à outils de la facilitation, récemment paru chez Dunod, j’ai eu envie de les interroger car je trouvais leur histoire inspirante. L’occasion de rencontrer enfin Anne en chair et en os, et de découvrir Emmanuel.
Autant le dire, je n’ai pas été déçue !
Ces deux-là sont sérieux sans se prendre au sérieux ; une belle complicité, des rires à n’en plus finir, bref un chouette moment de partage
Anne, Emmanuel, qu’avez-vous envie de nous dire sur vous ?
Emmanuel Brunet : je suis facilitateur et formateur sur des techniques de design thinking et de facilitation plus généralement. Je donne des conférences sur l’intelligence collective et la créativité. Et je suis auteur de supers bouquins :-) !
J’ai travaillé en tant que chef de projet dans de nombreuses structures, des grosses boîtes et des startups, j’ai changé régulièrement pour découvrir plus de choses. Ma dernière expérience était chez Transdev, j’aidais à relancer des projets qui n’avançaient pas. Avec mes outils de facilitateur, nous remettions tout à plat pour mieux repartir. Quand l’aventure s’est arrêtée, je me suis lancé à mon compte, c’était il y a cinq ans. Désormais, je travaille pour le public et le privé, j’adore mon métier, je rencontre des gens très différents sur des sujets extrêmement larges, parfois même hyper pointus.
AM : trop drôle, je nous découvre un autre point commun car avant d’être coach, j’étais également chef de projet sur des projets transverses. On me confiait un sujet, un besoin business à régler, il fallait que je monte une équipe et que je mène le projet. C’est à ce moment-là que j’ai expérimenté la posture de facilitatrice. Cela m’a amenée à devenir coach. Actuellement, je fais beaucoup d’outplacement : je rencontre des tonnes de gens différents, c’est passionnant.
Emmanuel, peux-tu nous raconter la genèse du livre ?
Le livre est sorti en 2019, il a reçu un très bon accueil. Dans la foulée, j’ai co-fondé l’Institut du Design Thinking
Après la publication du livre, j’avais le sentiment que je pouvais aller encore plus loin, comme parler de l’état d’esprit du facilitateur, de sa posture. Bref, le sujet d’un autre livre était trouvé, je l’ai proposé à Dunod, c’était l’année dernière, au tout début du premier confinement.
Ce nouveau livre est destiné aux personnes souhaitant apprendre ou améliorer leurs techniques de facilitation grâce à de nombreux outils, et pas exclusivement ceux du Design Thinking.
Et comment vous êtes-vous rencontrés ?
Je ne le connaissais ni d’Eve ni d’Adam, j’ai fait une demande de mise en relation. Et voilà !
EB : Dunod m’avait suggéré de mettre des illustrations pour apporter une âme à l’ouvrage. Je n’étais pas très pour, j’avais peur que cela complique le travail.
Après mon post, j’ai été en contact avec quatre dessinateurs et je leur ai demandé d’illustrer leur vision de ce qu’est un ice-breaker.
Avec Anne, nous avons commencé à brainstormer par téléphone, c’était fluide. La choisir a été une évidence. J’ai aimé sa faculté à écouter et à proposer dans la foulée quelque chose de juste, il y avait du répondant. J’ai aimé son style car je voulais des illustrations fun. Bref, je l’ai sélectionnée parce que c’était la meilleure.
Comment avez-vous travaillé ensemble ?
EB : nous avions posé les bases lors de notre première discussion, calé le principe du Super Facilitateur. Les illustrations étant pour introduire chaque dossier du livre, je voulais que le Super Facilitateur parle aux participants et qu’il y ait une interaction. Avec une double identification : qu’un futur facilitateur puisse se projeter dans sa vision de participant avec son expérience de participant et que les facilitateurs plus aguerris puissent se projeter dans cette vision de facilitation.
AM : Emmanuel avait détaillé tout le plan, nous avons travaillé chapitre par chapitre. A chaque fois, c’était une discussion pour que je comprenne l’essence du dossier, ce qui était important à mettre en avant, ce qu’il fallait montrer.
Je proposais des croquis et nous en parlions. Nous avons fait peu d’allers-retours car nous étions en phase sur l’illustration avant que je ne la démarre réellement.
Et le dernier échange avait pour seul objectif de préciser le wording des bulles.
EB : nous avons ajouté quelques illustrations sur les outils, pour traduire l’état d’esprit, en complément des pictogrammes, que je trouve impersonnels. Il y a eu quelques modifications, mais tellement peu… Notre collaboration était parfaite, nous ne nous sommes jamais pris la tête et nous avons toujours respecté nos points de vue respectifs.
Avez-vous une anecdote ou un secret à partager sur le livre ?
EB : j’ai adoré, je l’ai imprimé, il est scotché dans mon placard, il me fait rire tous les jours.
Et un meilleur souvenir ?
AM : disons un clin d'œil plutôt qu’un souvenir. C’était au Petit Palais : pour aller au café, il faut traverser une partie du musée. En chemin, je montre à Emmanuel une sculpture de danseuse en lui disant “Tiens, ce serait sympa dans un dessin”. J’ai vu à son air dubitatif, même avec le masque, que l’idée ne l’enchantait pas.
Je n’ai pas eu l’occasion dans le livre de caser la danseuse. Mais comme il y a des posters qu’on peut télécharger en bonus, je l’ai dessinée sur celui des qualités du facilitateur (rires) : la flexibilité.
EB : Quand Anne m’a envoyé le fichier, je n’avais même pas fait le rapprochement, c’est seulement quand elle me l’a dit que cela m’a paru évident !
Qu’avez-vous appris de cette aventure ?
AM : j’ai appris à utiliser ma tablette ! C’était une première expérience d’illustration idéale, elle s’est faite comme je l’entendais, avec un vrai espace d’échange, de co-construction et de créativité et non juste de l’exécution.
Et si c’était à refaire ?
AM : oui évidemment, nous étions tristes que cela s’arrête, une fois les derniers dessins envoyés. Cela a fait un vide.
EB : lire et découvrir nos avant-propos respectifs a marqué la fin d’une aventure avec quelqu’un que je ne connaissais pas il y a quelques mois et que je n’aurais jamais dû croiser.
Un rapide pitch sur le livre pour inciter les curieux à l'acheter ?
Si vous facilitez déjà des ateliers de co-construction, c’est l’occasion d’ajouter des outils à votre boîte, ou d’utiliser les outils les plus connus de manière différente. Pour les autres, si vous souhaitez développer ces compétences, si vous avez envie de travailler en équipe différemment, de pouvoir pointer du doigt les problèmes et non les personnes sans vous prendre trop au sérieux, alors le livre est fait pour vous.
AM : une boîte à outils pratique, avec tout sous la main, le format et la collection sont faits pour cela. Le livre aborde aussi tout l’état d’esprit et l’éthique d’un facilitateur, qu’il soit débutant ou aguerri.
Et maintenant, et après ???
AB : il va falloir retourner au café du Petit Palais ! Et puis, il est arrivé un truc drôle récemment. Une connaissance de mon réseau qui cherchait un expert du Design Thinking, et qui est arrivé jusqu’à Emmanuel. Qui du coup lui parle du livre, de moi, et la boucle était bouclée.
EB : animer un atelier tous les deux, en live, moi au micro et toi à la tablette ce serait génial, non ?
Le mot de la fin...
AM : le bonheur et le plaisir de collaborer, ce que l‘on retrouve dans la facilitation. Et la discussion libre, pour revenir sur la citation du début du livre. D’ailleurs Sophie, la discussion libre, ce n’est pas sans rappeler les Bulles de Dialogue n’est-ce pas ?
Leur livre La boîte à outils de la facilitation est à découvrir chez Dunod.
Photo et texte : Sophie Lavaur